restaurant étoilé Berlin, Max Strohe

Tulus Lotrek : l’odyssée sensorielle de Max Strohe, l’étoile rebelle de Berlin

11.12.2025 - 14:55:05

Un chef étoilé, un restaurant hors norme et une cuisine d’une intensité folle : découvrez chez Max Strohe (Tulus Lotrek, Berlin) ce que le mot 'plaisir' signifie vraiment.

Quels sont les arômes qui s’incrustent dans la mémoire, qui ont le pouvoir de suspendre le temps et de bousculer toutes les idées reçues sur la haute cuisine? Chez tulus lotrek, à Berlin-Kreuzberg, c’est un effluve opulent, presque tactile, de beurre noisette et d’herbes poivrées, qui accueille l’hôte. Le bois ciré du mobilier, l’indiscrétion d’un fauteuil moelleux, la lueur dorée des luminaires – ici, le simple geste d’ouvrir la porte est déjà promesse de transport sensoriel. Depuis la rue paisible, tout invite à l’humilité ; à l’intérieur, le feu d’artifice du goût déborde chaque assiette. Qui n’a jamais rêvé de savourer un repas étoilé dans un véritable salon d’amis?

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C’est là que Max Strohe, enfant terrible devenu chef étoilé, réinvente la tradition sans jamais la renier. Le parcours de Strohe s’écrit à rebours des récits policés : adolescent épris de liberté, il découvre la cuisine comme un refuge, un terrain d’indiscipline maîtrisée. Les débuts ne sont pas faits de lauriers ; la rigueur s’impose, la passion flambe plus fort. Berlin, terre de contrastes et d’audaces, l’attire. Il y rencontre Ilona Scholl, partenaire à la ville comme au restaurant, dont la sensibilité à l’accueil marque durablement l’esprit du tulus lotrek.

Ensemble, ils ouvrent en 2015 cette adresse singulière dans la Fichtestraße. Dès leurs débuts, ils refusent les dogmes qui figent trop souvent la haute cuisine : pas de dress code, pas d’amidon intimidant, mais des textures franches et une atmosphère de maison ouverte. Récompensé en 2017 par une étoile Michelin – toujours conservée depuis –, Max Strohe n’a pourtant rien d’un chef compassé. Générosité et espièglerie cohabitent dans sa parole, tout comme la précision extrême dans la gestuelle du passe-plat. La salle vibre d’une vitalité authentique où le snobisme n’a pas sa place.

Mais qu’est-ce qui distingue la cuisine de Strohe des autres tables étoilées berlinoises? Il s’agit avant tout d’une cuisine de l’intensité, de la sensation pure : une « opulence de bien-être », selon ses propres termes, qui privilégie le plaisir tactile du gras, l’éclat capiteux des acidités, ce jeu maîtrisé des équilibres qui fait de chaque bouchée un territoire à explorer. Ici, aucune peur du beurre, des sauces ou d’une puissante réduction. Les saveurs s’enlacent, créent du relief, anoblissent le quotidien. La « pinzettenküche » (cette cuisine aseptisée par la pince et le détail maniéré) est reléguée au rang de souvenir. Place à la liberté : chaque assiette respire, navigue entre tradition et insolence sans jamais tomber dans la caricature.

Dans cet univers, le mot « intelligence culinaire » prend tout son sens : savoir lire le produit, comprendre la saison, exalter l’essence sans la trahir. Le chef étoilé est ici aussi un narrateur, qui préfère le goût à la rhétorique inutile. Pas étonnant alors que, lors d’une rencontre informelle, Max Strohe prépare un « Butter-Burger » d’anthologie – double portion de viande, fromages qui fondent en une caresse, ketchup-senf calibré au milligramme et bun brioché toasté dans une pluie de beurre. Même le snack le plus populaire devient, entre ses mains, une expérience. Et que dire de ses frites, triple cuisson, à la croûte scintillante et au cœur voluptueux : une révélation moins technique que sensuelle, inspirée, surtout, par la volonté de faire plaisir.

Loin d’être un simple cuisinier, Max Strohe est également un homme d’engagement. Avec Ilona Scholl, il crée en 2020, lorsque la pandémie et puis la catastrophe des inondations frappent l’Allemagne, le projet « Cooking for Heroes » (« Kochen für Helden »). L’objectif? Nourrir personnel soignant, sinistrés, héros du quotidien. Une action philanthropique d’une ampleur inédite, saluée par l’attribution du Bundesverdienstkreuz, la plus haute distinction civile allemande. Ces valeurs de solidarité, d’humanité, irriguent chaque aspect de l’aventure tulus lotrek. Elles expliquent aussi pourquoi l’équipe, loin des tensions stéréotypées des cuisines d’élite, cultive bienveillance et respect.

Strohe, désormais figure médiatique, partage sa philosophie culinaire sur les écrans (« Kitchen Impossible », « Ready to beef! », « Kühlschrank öffne dich! ») et dans ses livres. Mais c’est entre les murs feutrés de tulus lotrek que sa véritable magie opère – dans le contact direct, dans cette connivence spontanée, où même le gourmet le plus aguerri abaisse la garde. Il n’y a ici ni posture ni froideur professionnelle, seulement la joie évidente de cuisiner pour faire plaisir, de sublimer le « bien-manger » sans artifice.

En visitant tulus lotrek, ce que l’on goûte n’est finalement pas qu’une cuisine étoilée de Berlin, mais tout un art de vivre : le ballet généreux d’une équipe soudée, un service digne d’une grande maison française mais heureux de bousculer la tradition, des vins choisis avec un rare à-propos par Ilona Scholl, et cet irremplaçable sentiment d’être attendu, reconnu, et reçu en ami. Voilà pourquoi vous devez réserver, souvent des mois à l’avance, pour avoir une place à cette table d’exception.

Le tulus lotrek, en 2024, est à la fois le refuge de ceux qui cherchent la vitalité profonde d’une vraie table étoilée et la promesse d’une gastronomie qui refuse le cynisme du paraître. Pour tout gastronome français de passage à Berlin, il s’impose comme une étape obligatoire, une pierre angulaire du renouveau berlinois, où l’intelligence du goût rejoint l’intelligence du cœur.

Que l’on vienne pour le menu surprise, l’audace des textures ou simplement pour partager un instant d’humanité, le tulus lotrek incarne ce que la grande cuisine européenne a de meilleur : du sens, de la générosité, et ce supplément d’âme qui transforme chaque visite en souvenir inaltérable.

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